Les acteurs de l’assainissement autonome s’organisent
Ibra SOW
President of PASA
INTERVIEW
L’organisation qui regroupe tous les vidangeurs du Sénégal a pour objectif de lutter contre tout ce qui peut impacter l’activité, de la sous-traitance au dépotage hors normes, en passant par la prolifération des stations de vidanges et le suivi de la valorisation des boues de vidanges. Les partenaires et l’État ont un interlocuteur direct qui est l’Association des Acteurs de l’Assainissement du Sénégal (AAAS).
Soutenue par l’Office National de l’assainissement du Sénégal (ONAS) et la fondation Bill et Mélanie Gates, l’Association a structuré l’activité de ses membres. Pour la première fois, les acteurs de l’assainissement ont pu avoir accès aux fonds de garantie auprès des banques, ce qui a permis le renouvellement du parc automobile. À l’heure qu’il est, 29 camions de vidange ont été acquis par les transporteurs grâce entre autres à l’appui des bailleurs.
Finalement, le renouvellement du parc et la structuration de l’activité ont permis de revoir à la baisse le coût de la vidange afin de permettre à de plus grandes franges de la société d’accéder aux services de vidange et, par conséquent, de rentabiliser le secteur. Cette montée en charge de l’assainissement autonome au Sénégal est à replacer dans un cadre africain, rappelle Ibra Sow, qui est également le Président de l’Association Panafricaine des Acteurs de l’Assainissement Autonome
(APAA). Il s’agit d’une plateforme essentielle dans les échanges d’expériences et les complémentarités entre pays africains. L’association panafricaine est issue du programme de Renforcement des partenariats des Opérateurs d’Assainissement en Afrique (RASOP), au niveau de l’Association Africaine de l’Eau et a pour but de participer aux échanges techniques entre les pays. «Les résultats positifs enregistrés par le
Sénégal et l’Afrique du Sud en matière d’assainissement ont attiré l’attention des autres pays africains. Ils se sont concertés afin de bénéficier de cette expérience. « Par la suite, j’ai proposé la mise en place d’une association panafricaine des acteurs de l’assainissement autonome (APAA). Aujourd’hui cette entité réunit 23 pays africains», rappelle Ibra Sow. Comme dans tous les secteurs, la pandémie COVID-19 a ralenti l’agenda de de l’Association panafricaine des acteurs de l’assainissement autonome (APAA).
«N’eut été la pandémie, nous serions aujourd’hui à plus de 40 pays membres». Du reste, avec ou sans pandémie, les politiques africaines en matière d’eau et d’assainissement convergent toutes vers l’atteinte des Objectifs de Développement Durable. Encore faudrait-il pour qu’il y ait des résultats pérennes, une certaine stabilité dans les postes de responsabilité. «Les rotations constantes dans les postes de responsabilités et la guerre de leadership peuvent constituer un frein à la maturité de certains projets.
Ce qui fait que les efforts fournis par certains sont souvent gommés, balayés du revers de main par leur remplaçant», regrette M. Sow. Le Directeur général de Vicas le reconnaît néanmoins, au Sénégal, beaucoup de progrès ont été enregistrés ces dernières années. «Mais il ne faut pas qu’on stagne, l’on doit s’atteler au travail. Pour cela, il faut que les politiques laissent les projets mûrir et aboutir». En attendant le Forum Mondial de l’Eau en 2022, Ibra Sow compte ardemment sur l’Omniprocesseur 2 arrivé des États-Unis vers le Sénégal.